Fille

LAURENS Camille

Enfant douée, Laurence naît à Rouen en 1959, deuxième fille d’une famille bourgeoise protestante qui se rêve en garçon. Très vite consciente de la déception qu’elle incarne, surtout pour son père, elle raconte : la vie de famille, les grands-mères, sa précocité à l’école, ses brillants résultats, ses observations du monde masculin, sa passion pour la danse, un oncle tripoteur, les premiers émois amoureux, une grossesse inattendue et interrompue et, plus tard, la maternité et le deuil.

Camille Laurens (Celle que vous croyez, Les Notes février 2016) continue son oeuvre d’autofiction. Elle analyse par petites séquences – alternant modes subjectifs et narratifs – tous les aspects de la condition de fille dans les années 60 et les remarques, parfois drôles parfois acerbes, que lui inspire l’éternel antagonisme fille-garçon. Si le sujet n’est guère inédit, le livre se démarque surtout de ses semblables par la qualité de l’écriture. L’auteure y traque avec brio et une précision décapante les ressorts de la sujétion féminine, jusque dans le langage et les truismes populaires. Désopilant dans sa première partie (l’enfance), le récit devient plus sensible, inquiet et méditatif à l’âge adulte quand il revient sur la perte d’un enfant. Un beau roman introspectif, au style brillant, qui balance heureusement entre férocité et tendresse. (D.M.-D. et M.-N.P.)