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Depuis que Delphine, leur mère, est partie à Paris, Fanta et Bintou sont élevées au village par Mâ, leur grand-mère. Veuve, cette dernière a dû obéir aux anciens, quitter Abidjan, revenir dans son pauvre village du Burkina au coeur de la brousse, sans eau, sans électricité. Le récit restitue la vie d’un village africain : coutumes, croyances, vie quotidienne. La pompe tombe en panne ; l’exciseuse arrive pour « purifier » les petites filles. L’instituteur réunit les mères pour leur expliquer que c’est un crime puni par la loi…
L’ambiance au village est très bien évoquée : méfiance, racontars, soumission aux traditions mais aussi les fêtes, y compris les funérailles, qui donnent lieu à de grandes réjouissances. C’est l’Afrique profonde, ébranlée par le contact avec la civilisation occidentale, univers où tout est difficile. Fanta est prise entre ce monde où elle vit et celui dont lui parle sa mère grâce au téléphone portable. Elle rêve d’aller à Paris avec autant d’espoir que de crainte ; Delphine raconte sa vie dans la capitale vite très dure également. Mâ est une vieille femme sage et avisée : les personnages, très typés, sont attachants, acteurs d’un monde en devenir. Dans une belle langue, récit-témoignage de l’auteur dont on sent l’intérêt pour l’Afrique, qu’elle sait faire partager par le lecteur.