Notre Jean-Jacques national, le saviez vous, avait un frère, vaguement évoqué dans Les Confessions. Et c’est cet obscur Rousseau là qui sert de prétexte à Stéphane Audeguy pour trousser, sous forme de soi-disant mémoires, l’histoire errante d’un fieffé libertin. De Genève à Paris notre héros prise fort le beau sexe et vit d’activités licencieuses dans des maisons de plaisir ou autres lieux, jusqu’à son emprisonnement à la Bastille où il se lie d’amitié avec le marquis de Sade. Pris dans la tourmente de la Révolution, il reproche à son célèbre frère d’en avoir fait le lit. Stéphane Audeguy nous avait séduits avec La théorie des nuages (NB avril 2005). On retrouve ici les thèmes qu’il affectionne: fantaisie, mélange d’histoire et d’imagination, liberté des moeurs, folie meurtrière des hommes. Le spectre de la barbarie n’est plus Hiroshima mais la Terreur. C’est très cru – un peu trop du goût de certains – c’est plein de verve, c’est intelligent aussi. Bref c’est XVIIIe siècle en diable, le style épousant l’esprit. Une chose est certaine, Audeguy a une sacrément bonne plume.
Fils unique
AUDEGUY Stéphane