Alexandrine Zola, en chemise, hurle son chagrin dans la rue ! Une lettre anonyme vient de lui apprendre que son mari la trompe avec lâaccorte Jeanne, leur lingĂšre ; il en a eu deux enfants quâelle-mĂȘme nâa pas pu lui donner. Un statu quo sâinstalle : Jeanne et ses enfants habitent un logement voisin et Ămile les y rejoint chaque jour aprĂšs quatre heures. La vie reprend son cours : les amis, Rodin, Manet, pas tous bienveillants, les domestiques ; le chien Pinpin, aimĂ© comme un  enfant et Cocotte la perruche ; un Ă©niĂšme refus dâintĂ©gration Ă lâAcadĂ©mie ; des voyages en Angleterre, en Italie⊠Et la mort d’Ămile , sans doute un assassinat.
Les Ă©pisodes sâentremĂȘlent, rĂ©servant leurs surprises. Le personnage dâAlexandrine, autrefois Gabrielle, se dessine, sâenrichit, rĂ©vĂ©lant un passĂ© mouvementĂ©. GĂ©nĂ©reuse, Ă©nergique, sensible, dĂ©vouĂ©e Ă son mari jusquâaux pires difficultĂ©s et son dĂ©cĂšs, elle attire la sympathie et, Ă cĂŽtĂ© d’elle, Ămile paraĂźt assez falot. Leur vie  bourgeoise paisible est troublĂ©e par les campagnes de dĂ©nigrement, particuliĂšrement grossiĂšres. Ce roman, rĂ©alisĂ© en partie Ă partir dâarchives, nâest pas une biographie, prĂ©cise lâauteur, le rĂ©alisateur et scĂ©nariste Jean-Louis Milesi. Dans un XIXe siĂšcle triomphant, avec sa tranquille province, ses nouvelles gares et les grands voyages qui s’ouvrent dĂ©sormais aisĂ©ment sur le monde, il est en tous cas une touchante histoire dâamour conjugal. (M.W. et B.T.)