1915. Sur les cimes de la Carnie, dans le Frioul italien, les soldats alpins affrontent lâarmĂ©e autrichienne. Les femmes restĂ©es au village 1000 mĂštres en dessous montent sur les pentes escarpĂ©es les lourdes charges de munitions, de ravitaillement et descendent sur des brancards blessĂ©s et cadavres.
Dans cette version romancĂ©e inspirĂ©e de faits et de personnages rĂ©els quâelle cite dans une postface Ă©mouvante, Ilaria Tuti (Fille de cendre, Les Notes dĂ©cembre 2022) met Ă lâhonneur les Porteuses qui, avec courage et abnĂ©gation, sous les bombes et au pĂ©ril de leur vie, ont soutenu le front. LĂ -haut, c’est la guerre des hommes au prix du sang et du sacrifice, sous le commandement dâun capitaine exemplaire. En bas, dans des conditions prĂ©caires, les femmes tiennent comme toujours leur rĂŽle de mĂšres, de soignantes, de paysannes. Elles sont le lien de vie et de rĂ©confort. Quand la jeune hĂ©roĂŻne rencontre un tireur dâĂ©lite ennemi blessĂ©, elle pose un nouveau regard sur la guerre : lâadversaire nâest-il pas lui aussi digne de compassion ? Le roman Ă©vite le sentimentalisme et se montre Ă la hauteur de cette communautĂ© solidaire, la galerie de portraits est profondĂ©ment humaine dans ses peurs, sa dĂ©termination, ses doutes. La montagne est belle, sauvage et souvent dangereuse. Ces femmes nous donnent une magnifique preuve dâengagement : aussi terrible soit-il, le conflit leur a permis dâĂȘtre enfin reconnues. (A.-M.Gi. et M.-N.P.)