Helen, dix ans, orpheline de mère, vient de perdre sa grand-mère qu’elle adorait. Elle vit avec son père, alcoolique et autoritaire, dans une maison délabrée du Tennessee. Celui-ci, absent tout l’été pour une mission secrète en rapport avec la seconde guerre mondiale, confie sa fille à Flora, vingt-deux ans, cousine de sa femme.
Cruauté et erreur de jugement de l’enfance, sentiment de culpabilité et remords sont les thèmes de ce treizième roman de l’auteure. La narratrice, écrivain, se remémore ces longues semaines d’été qu’elle vécut quasiment en vase clos avec sa baby-sitter, cinquante ans plus tôt. Peu d’action : le récit assez lent met l’accent sur l’antagonisme de deux personnalités opposées, une enfant précoce, profondément égocentrique et persuadée de son sentiment de supériorité, une jeune fille effacée, terre à terre, hyperémotive, affectueuse et simple de cœur. Préfigurant le drame final, la montée de la jalousie de la fillette découvrant qu’elle n’est pas le centre du monde et que son dédain pour les sentiments vrais des êtres qui l’entourent se retourne contre elle, est décrite avec finesse. Un beau livre sur la fin de l’enfance.