Depuis six ans, Gad, vingt-quatre ans, et sa jeune soeur, Amalia, sont gardiens en montagne d’un cimetière de juifs martyrs, succédant à leur oncle. Amalia redoute le prochain hiver et a la nostalgie de sa maison dans la plaine. Le soir, une fois les chiens nourris et la vache traite, ils noient solitude, tristesse et mélancolie dans la Slivovitz, jusqu’au jour où leurs corps exténués de tension sensuelle s’unissent. Quand Amalia, enceinte, est sur le point d’accoucher, Gad l’emmène dans la plaine où, rejetés de partout, ils aboutissent dans un couvent accueillant les femmes en détresse.
Ce roman original, bizarre même, par l’auteur d’Histoire d’une vie (prix Médicis étranger 2004, NB octobre 2004), se déroulant sans doute au XIXe siècle dans les Carpates (dont l’auteur, septuagénaire, est originaire), est de prime abord déconcertant. Puis, le cours de cet amour incestueux, intimement mêlé aux travaux journaliers, pétri de réminiscences d’enfance et d’hallucinations, aboutissant à cette descente fantomatique dans la plaine pour l’accouchement Amalia, empoigne le lecteur qui vit, littéralement, le désarroi du couple. La fin abrupte qui autorise à imaginer tous les dénouements entraîne, cependant, une certaine frustration.