Florida

DYTAR Jean

Eté 1572 : en cette fin du XVI° siècle, Jacques Le Moyne, converti au protestantisme, est réfugié à Londres avec sa femme, ses deux filles et son père, resté catholique et fidèle à la reine Marie Stuart dont il est l’écuyer. Pour vivre, il dessine des motifs floraux pour certaines familles de la Cour. C’est dans ce contexte, que deux anglais viennent le relancer pour qu’il leur conte le récit de l’expédition diligentée par l’amiral de Coligny en Floride quelques années auparavant et dont il fut le cartographe. Eleanore, sa femme passionnée de voyages et de cartes le pousse à s’exprimer. Mais lui refuse de replonger dans son passé. Pourquoi ce rejet ? L’expérience de cet homme serait d’une grande aide. Coloniser une terre sauvage pourrait sans doute permettre un grand avenir à L’Angleterre. Telle est la pensée de ces huguenots anglais. Mais Jacques ne consent à revivre ce temps révolu qu’avec sa femme pour essayer de calmer sa souffrance et pouvoir, plus tard, transmettre son récit à ses deux filles.  Voilà un album ambitieux et fascinant : raconter l’histoire de la première tentative d’installation d’une colonie française aux Amériques sans se soucier d’exactitude ni céder au romanesque. Tout ce récit librement inspiré d’une histoire vraie est en effet essentiellement raconté à travers les yeux et la voix de l’épouse et nous en dit autant sur l’amour qui lie un couple que sur la douloureuse conquête du Nouveau Monde. Séquencée en court chapitres alternant scènes contemporaines et retours en arrière en Floride ou dans l’enfance des protagonistes, l’histoire est construite avec soin. Le dessin est simple, direct, dans un style sans fioritures qui joue des ambiances de couleurs pour plonger le lecteur dans les moiteurs coloniales. Au final, un album ambitieux mais réussi… (A.R. et A.D.)