Les cinq nouvelles ont un ton différent mais leurs héros ont des points communs. Ils sont naïfs, démunis ou encore enfants, ils ont le coeur compatissant et se heurtent à des personnages veules, combinards, intéressés. La première d’entre elles retrace la vie d’un adolescent pataud dans un lycée au temps de la perestroïka. Dans la deuxième, la mafia caucasienne s’attaque au mari d’une femme sans scrupules. Dans les trois dernières, des femmes jeunes ou vieilles, seules et dépourvues de tout, protègent des enfants en difficulté, abandonnés ou handicapés. Elles se battent pour qu’un peu de tendresse persiste, pour que la dignité de l’être humain soit préservée, pour que les âmes innocentes ne se perdent pas dans un monde d’une dureté incroyable.
« Il faut avoir pitié les uns des autres », c’est le message de l’auteur. L’émotion commence à sourdre dès la deuxième nouvelle et ne lâche plus le lecteur. Cela tient à l’écriture de Guelassimov qui sait, avec un verbe qui crépite, être direct et sobre dès ce premier ouvrage. Un talent qu’il a confirmé avec La soif (NB décembre 2004).