Delaney n’aurait pas dû survivre à sa chute dans un lac gelé proche de la petite ville du Maine où elle habite. Peter, son ami d’enfance, est aux petits soins pour elle mais, depuis qu’elle est sortie du coma, elle est atteinte de symptômes étranges lorsqu’elle est à proximité d’une personne dont la mort est imminente. Elle aperçoit, à chaque fois, une ombre qui s’enfuit peu avant leur décès. Troy, « miraculé » comme elle, veut persuader Delaney d’utiliser leur don pour abréger les souffrances des mourants. S’immisçant dans sa vie, il perturbe le fragile équilibre qu’elle tente de retrouver, et ses relations avec son entourage.
On peut être tenté de ne voir dans ce roman qu’une bluette qui ferait un scénario de cinéma à peine acceptable. On peut y trouver aussi, à travers des portraits assez bien brossés, une façon originale d’aborder les ressorts psychologiques de la sortie d’un coma profond et la question de l’euthanasie, à travers un thriller bien construit. « Sur-vivante », Delaney ne peut révéler son pouvoir sans compromettre le retour à la normalité qu’elle cherche désespérément, et l’analyse des réactions de son entourage face à ses silences est menée avec finesse. Finalement, ce huis clos hivernal hanté par la mort qui rôde ne manque ni d’atmosphère, ni de matière à réflexion.