Dans une ville aux grandes et petites maisons, une petite Françoise vit triste et seule. D’une fenêtre de l’enfer, un petit diable l’aperçoit, et s’inquiète ; la solitude n’est bonne pour personne, pense-t-il, vite lui écrire une, puis deux lettres, très gentilles. Pas de réponse. Pour elle, il se déguise en clown, se transforme en Kasper, puis en oiseau ; le sourire de Françoise, qui s’élargit en un rire radieux, est sa seule récompense.
La lecture attentive du texte apparemment enfantin donne la clef de l’oeuvre de cette grande artiste tchécoslovaque. Neuf fois apparaît le mot triste ; il éclaire sur l’importance du combat à mener par un diable étonnamment altruiste, qui s’engage à veiller sur la fillette. Ouvrir cet album au beau papier glacé provoque un vrai choc visuel. Trois couleurs de fond où le noir domine, sur lesquelles se détachent les compositions en pleine page aux couleurs éclatantes, mêlant collages, dessin, peinture. Aux frontières de l’abstraction poétique, l’histoire de deux personnages est parfaitement identifiable. Les enfants familiarisés à l’art contemporain, apprécieront sûrement mieux que d’autres.