Karlo Adum, professeur d’histoire en retraite, se rend de Zagreb à Sarajevo pour prendre connaissance du testament d’un oncle avec lequel il n’avait plus aucun contact. Cette ville, qu’il a quittée depuis plus de cinquante ans, lui inspire une sourde inquiétude. Resurgissent, chemin faisant, des souvenirs volontairement enfouis : l’extravagance de son père handicapé, les compromissions de sa mère frivole avec les officiers allemands, le meurtre accidentel d’un camarade et la fuite éperdue de Sarajevo pour échapper à la vindicte de la famille. Ce voyage un peu irréel le conduit dans un hôtel sordide où il s’écroule, écrasé par ses souvenirs. Enfant délaissé par ses parents, Karlo, devenu adulte, sera méprisé par ses pairs et isolé. Il ne retrouve un peu d’assurance qu’au volant de sa vieille Volvo.
Ce roman exhale le désenchantement. L’auteur, croate, malaxe présent et réminiscences d’un passé, marqué par les fluctuations politiques des Balkans. Il illustre anecdotiquement , avec une certaine autodérision, et beaucoup de lenteur, l’écartèlement d’un pays divisé contre lui-même.