Poète autant que romancier, Julien Delmaire tricote les mots pour offrir à saint Benoît Labre, devenu patron des sans domicile fixe, la vie d’errance qu’il imagine. Son Benoît, contemporain, à l’esprit libre et au coeur simple, trouve en ce monde sa propre mélodie. Au décrochage scolaire suit l’embauche à l’usine. Il a quinze ans et, à la mort de son père, sa vie, comme le jardin, est en jachère. Il part, laissant derrière lui une fratrie, une mère vaincue par l’alcool, et sur le formica de la table un poème admirable. Déjà chantre de la précarité avec Georgia (NB octobre 2013), Julien Delmaire, tout en poésie, restitue le Nord, ses carnavals et ses corons, l’âpreté des chemins, les soupçons des péquins, les merveilles de la prière. Mais quand la ville remplace la campagne et que le pèlerin devient pouilleux, l’histoire a moins de grâce et le récit devient foutraque. La plénitude revient avec le Sud, la mer et la fin du chemin. (Maje et E.B.)
Frère des astres
DELMAIRE Julien