À l’aube du XIXe siècle, les Clare s’installent aux environs de Boston ; ils fabriquent du savon. Gestion familiale intelligente, inventivité les mènent, deux cents ans plus tard, à la direction de multinationales dont les produits diversifiés – des cosmétiques aux engrais – irriguent un marché mondialisé. Et leurs déchets toxiques se répandent dans l’environnement. Laura vit près d’une usine du groupe. Atteinte d’un cancer, elle multiplie pendant un an traitements terrifiants et enquêtes révélatrices. Les deux histoires sont menées parallèlement. À l’épopée héroïque, historique, illustrant l’implacable ambition sociale et financière d’un clan, répond une brève tragédie personnelle. Les situations respectives sont inégalement développées, mais un même réalisme descriptif, une belle langue, un symbolisme mesuré relient ces récits émaillés de longs passages parfois très techniques sur des procédés industriels ou médicaux. Toujours militant, l’auteur de Générosité (NB juillet-août 2011) écrit un plaidoyer violent et bien architecturé pour un environnement viable, dénonce un capitalisme incontrôlé, méprisant, et un système de santé indigne. Ce roman puissant et parfois torrentiel, pessimiste, traduit une vérité de notre temps : la domination de l’argent et ses conséquences pour la survie de l’individu, et sa condamnation.
Gains
POWERS Richard