Écrite par un journaliste anglais, spécialiste de la Russie, c’est la première biographie sérieuse de Gannibal, esclave noir, filleul du tzar Pierre le Grand et ancêtre de l’écrivain Alexandre Pouchkine. Né en Afrique, emmené à Constantinople, l’enfant, âgé de sept ans, est conduit en Russie, reçoit une bonne éducation, va en France avec son parrain, y fait des études dans une académie militaire, se lie avec Diderot et connaît une réelle faveur. Après la mort de son protecteur, sa vie est plus précaire, entre exils, brefs retours en faveur et retraite campagnarde. L’auteur est allé à la recherche du pays natal de son héros et des fortifications créées par lui ; il raconte aussi ses trouvailles d’archives et d’iconographie. Mais on suit une ombre fugace : Gannibal brûla ses propres mémoires, aucun portrait n’est authentique, la légende familiale concrétisée par le roman inachevé de Pouchkine, Le nègre de Pierre le Grand, comporte bien des incohérences… Subsiste un portrait détaillé et subtil des influences successives et de l’état d’esprit à la cour de Saint-Pétersbourg au XVIIIe siècle.
Gannibal : l’ancêtre de Pouchkine
BARNES Hugh