Gaudriole au Golgotha

LA ROCHEFOUCAULD Louis-Henri de

Pour son mariage, Grégoire choisit le narrateur comme témoin et le charge du traditionnel discours du dîner : c’est normal, ce sont de vieux amis d’enfance. L’affaire va vite se révéler difficile car Grégoire semble indéfendable depuis longtemps, professionnellement comme dans sa vie privée, entre mésaventures douteuses et donjuanisme compulsif. Alors, qu’écrire en cette circonstance où l’usage est de présenter le marié sous un jour flatteur ? Comment dire du bien de quelqu’un qui méprise ceux qui ne lui ressemblent pas ? Cette description d’un arriviste jouisseur et superficiel est bien enlevée. L’auteur (La révolution française, NB mars 2013) écrit à la première personne – sans doute est-ce un proche qu’il décrit – avec beaucoup de facilité, dans une langue vive, pleine de mots d’esprit, d’allusions, d’allitérations, ce qui peut agacer parfois… Son style ne manque pas d’autodérision, et il se présente comme un écrivain raté mais finalement plus heureux que son « héros ». On sourit souvent à cette lecture plutôt réjouissante, on vibre parfois.