Gazi ! (Jeud’ombres ; 1)

DEDOLA Loulou, MERWAN

C’est la banlieue… Si Viviane est encore recalée à la fac, Genziz, fils d’émigrés turcs a réussi ses examens : «C’est maman qui va être contente, ‘Challah ! ». Pour maman, cela change de Sayar, le frère de Genziz : ce dernier est un vrai dealer, déjà condamné en France et actuellement à la rate à Istanbul. Oooh ! Voilà qu’en pleine nuit un de leurs amis, Amine, tombe sous les roues de leur voiture ! Les lardus le coursent, Genziz et son copain le ramènent et le planquent chez sa tante. A trois heures du mat’ toute la banlieue est dans la rue, pour venger Amine disparu : c’est forcément la BAC qui l’a tué ! Et c’est là que Genziz assure : il récupère la save, explique le quiproquo aux flics, calme les cousins puisqu’Amine est vivant… Il faut le dire, c’est un vrai Gazi, un chevalier victorieux, ce Genziz ! Viviane, de son coté, a des relations au PS. La maire locale est intéressée par ce jeune turc. Genziz comprend vite que le PS a plus besoin de lui que lui d’eux… Est-ce la grande vie qui commence ?   Les auteurs racontent la vie, pas toujours très recommandable, d’un quartier d’immigrés près de Lyon. Le vocabulaire est à l’avenant, on arrive tout de même à tout comprendre sans dictionnaire ! Les caractères sont tranchés. Tous ces garçons sont fidèles à leur colonne vertébrale familiale, brutaux dans leurs relations avec les hommes, fragiles dans leur fréquentation de la gent féminine. Les personnages sont remarquablement campés dans cette atmosphère sans soleil ni ciel bleu. La trame principale de l’histoire reste l’opposition entre ceux qui choisissent la délinquance et ceux qui restent dans le droit chemin, les deux versants étant personnifiés par deux frères que tout oppose. A côté la police fait tout ce qu’elle peut, pendant que les politiques ne semblent surtout penser qu’à leur propre avenir… Un quasi-documentaire au dessin pas très net et aux couleurs délavées. En sus de ce réalisme, l’histoire se déroule rapidement, on passe de la banlieue aux prisons turques, de la rue à l’action sociale municipale : une réussite qui fait espérer un second tome du même tonneau ! (Br.A et C.D.)