Gageure difficile que de faire connaître à des jeunes, pour qui la guerre d’Algérie relève du cours d’histoire, l’opposition courageuse et retentissante du général de Bollardière à la pratique de la torture par l’armée française en Algérie. Opposition par fidélité à ses convictions profondes, par souci d’efficacité – la torture fera naître de nouveaux combattants – et par peur de dégrader des soldats français qui seront rongés pour toujours par le mépris d’eux-mêmes. La lecture est aisée, malgré des retours en arrière, alternant un portrait du général et le récit de campagne imaginaire du jeune Raymond, commando noir de Bollardière, formé à barouder dans le respect de l’autre et l’engagement de ne jamais suspecter a priori.
Gageure réussie. Nul excès, une approche sympathique des deux personnages, et l’esquisse de l’action civique ultérieure du général. Un rappel de la permanence de la torture dans d’autres pays, et du rôle d’Amnesty International clôt ce petit livre qui sensibilisera le lecteur à la nécessité de se forger une conscience pour oser résister à la pression de l’institution ou d’un comportement grégaire.