Quittée par son compagnon, dont elle a partagé épisodiquement les destinations étrangères, l’auteure entame un processus de reconstruction. De la dévastation de l’abandon qui ramène sans cesse à l’évocation des lieux et des moments partagés émergent progressivement, lors des parcours ferroviaires et de l’attention portée aux autres, des souvenirs plus anciens et plus apaisés. Anne Sophie Barreau, dont c’est le premier roman, jongle-t-elle avec l’idée que l’amour est inséparable des territoires dans lesquels il s’enracine ? La réalisation n’est cependant pas à la hauteur de l’idée. Si la première partie – l’expatriation – séduit et transporte aisément dans cette Afrique où se nouent rapidement les affinités, l’accumulation d’instantanés photographiques dans la partie ferroviaire du roman manque de réelle matière littéraire. L’incertitude est rendue, la valise est toujours prête pour un éventuel départ, mais les peines de coeur lassent vite. Le journal, quand il évoque paysages kaléidoscopiques et voisinage de banquette, offre peu d’intérêt tandis que les fréquentes références à la littérature ou au cinéma sont des clins d’oeil trop appuyés. Les chants désespérés ne sont pas toujours les plus beaux, mais on aurait tort d’ignorer la grande sensibilité qui émane de ce texte très introspectif. (D.M.-D. et Maje)
Géographie
BARREAU Anne-Sophie