Dans le monde actuel, la notion d’« ethnicité » est mise à mal par la fluidité des capitaux, des personnes, des armes et des images. Les ethnies majoritaires, constatant la perte de leur suprématie économique, culturelle et raciale, se rebellent contre leurs minorités. Pour se défendre, celles-ci se solidarisent en réseaux dépassant les frontières : une organisation « cellulaire » que l’auteur oppose à l’organisation « vertébrée » des États-nations modernes. Souvent tournées vers le terrorisme, que l’auteur assimile à un cri de désespoir plus qu’à un acte logique et réfléchi, les minorités peuvent aussi s’assembler pour des actions humanitaires, dépassant les prérogatives des États : c’est la « globalisation d’en bas », conclusion en forme d’espoir de ce livre alarmant. Arjun Appadurai, anthropologue indien qui enseigne aux États-Unis, a privilégié dans son ouvrage la colère des islamistes, détaillant longuement le cas de l’Inde. On regrette qu’il explore essentiellement les problèmes ethniques et culturels, reléguant l’aspect économique, pourtant crucial. Malgré une analyse très intéressante, ce livre, déjà dense, achoppe sur une écriture difficile, un style extrêmement théorique et intellectuel.
Géographie de la colère : la violence à l’âge de la globalisation
APPADURAI Arjun