Bérénice, fille unique choyée et encouragée dans sa précocité, vit à Oran entre une mère belle et exigeante et un père affectueux et cultivé. Elle raconte sa vie, ses expériences et ses découvertes de sa cinquième à sa huitième année avec pour toile de fond l’Histoire : la guerre de 1940, Mers el-Kébir, les massacres de Sétif, etc. Elle se livre surtout à une peinture des adultes qui l’entourent, ces “baleines échouées”. Après plusieurs années de silence Manuèle Peyrol revient à l’écriture avec ce roman, très largement autobiographique – au style élégant, classique, un peu précieux parfois – souvenirs d’une enfant précoce qui s’érige en juge impitoyable de son entourage sous le masque d’une petite fille modèle. Après un début un peu laborieux, le récit décolle peu à peu. Si l’on éprouve peu de sympathie à l’égard de l’héroïne très tôt consciente de sa supériorité intellectuelle, égocentrique, arrogante, dissimulatrice, on est en revanche pris par l’acuité du regard qu’elle porte sur la vie sociale des Français en Algérie à cette époque très particulière, sur leur cohabitation avec les Algériens, sur le contexte ambiant : rumeurs de la guerre, antisémitisme voilé, racisme ingénument avoué. On est frappé aussi par l’originalité de son jugement par rapport au conformisme ambiant.
Géographie des baleines
PEYROL Manuèle