L’académicien signe sa dernière biographie d’un écrivain russe. Gontcharov est célèbre pour son roman Oblomov (1859) où il fait l’apologie de l’homme « normal », figure mythique en Russie – on parle même d’« oblomovisme ». Fils dilettante d’une opulente famille de négociants, il devient haut fonctionnaire, puis secrétaire d’une expédition lancée par le ministère de la culture vers le Japon et l’Amérique, enfin censeur officiel et spécialiste de la presse. Fondateur avec d’autres du roman réaliste russe, se réclamant de Gogol et de Pouchkine, il est le rival acharné de Tourgueniev. Ce texte offre une bonne description de la vie provinciale, étriquée mais heureuse, légèrement ennuyeuse, opposée à la vie mondaine de la capitale, agitée et dure. Sur un ton bienveillant, amusé, néanmoins lucide, Henri Troyat (Trois mères, trois fils, NB septembre 2010) décrit un homme cultivé, paresseux et velléitaire, s’intéressant peu aux femmes, centré sur lui-même et soucieux de sa vie de petit aristocrate. Attention ! La morosité et l’inappétence existentielle de ce personnage oblomovien pure souche finissent par être contagieuses !
Gontcharov
TROYAT Henri