Gracier la bête

MASSAT Gabrielle

Le Centre d’urgence d’Aide sociale à l’enfance où Till est éducateur se situe à quarante kilomètres d’Albi, sur les hauteurs de la forêt de Grésigne. Un soir, épuisé, il craque et gifle violemment Audrey, une adolescente qui fugue, se fait renverser par un chauffard et sombre dans le coma. Écrasé de culpabilité, il va la voir tous les jours à l’hôpital et se persuade que la seule façon de l’aider est de retrouver sa mère, Patricia, disparue depuis un an. 

C’est à travers les yeux de l’éducateur-narrateur que l’on découvre le Centre, grande bâtisse délabrée, isolée, « dernier rempart avant le chaos » pour des « enfants et adolescents à la dérive dont personne ne [veut] tant ils [sont] abîmés ». À moto, dans le froid, la boue et la pluie, le quadragénaire, suspendu de son poste, devenu « le mec qui tabasse les enfants placés », se démène sur la piste de la mère de l’adolescente, considérée comme morte par la police. Une pédopsychiatre bienveillante, un ancien enfant placé devenu policier et quelques autres personnages attachants l’accompagnent dans sa quête. Gabrielle Massat use d’une langue fluide, familière, riche en dialogues. Elle construit son histoire avec rigueur, dans un monde qu’elle connaît admirablement bien où se débattent des personnages complexes campés avec empathie. Une enquête captivante au cœur de l’Aide sociale à l’enfance. (C.P. et M.S.-A.)