La grenouille somnole sur sa feuille de nénuphar, indifférente aux zonzonnements de la mouche qui la traite de grosse patate. Hop ! elle ouvre les yeux et une large bouche et avale l’impertinente… et toutes celles qui s’aventurent trop près. Mouches au petit-déjeuner, au déjeuner, au goûter, au dîner, elle finit par ne plus pouvoir les voir, encore moins les manger. Elle part interroger les animaux du voisinage : Et toi tu manges quoi ? Elle trépigne : Pas question de manger ça. Elle croise ensuite le héron… Antonin Louchard reprend le thème avec virtuosité et d’un large coup de pinceau, peint en vert et un peu de rouge des images irrésistibles. Plus la grenouille s’indigne, plus elle grossit et sa bouche en plan serré emplit presque la page. En face d’elle, impassibles, la vache, le lapin, le merle évoquent des gravures naturalistes. Le héron dédaigneux rappelle le batracien à la réalité ; elle retrouve une taille appropriée et disparaît dans l’herbe. La bouche rouge et immense scande le récit ; les lettres grandissent avec la colère de la bestiole. Un vrai suspense facile à animer pour l’adulte lecteur ; des répétitions, des énumérations, des épithètes à reprendre en choeur pour les petits : du bonheur pour tous ! (R.F.)
Grande bouche
LOUCHARD Antonin