Ils sont trois sur la route car « la route à trois, c’est bien pour la conversation », trois amis en quête d’on ne sait quel chemin sur la lande, TomÉlemetMoi, inséparable trio d’une errance joyeuse auquel s’ajoutent, un temps, la Vierge, le Marin de Ponsec, la Mère morte de Tom et Alistair le pendu. Pour quelle destination ? Aucune évidemment sinon celle qui est là, sous nos pas, la rencontre de soi et des autres : amour, amitié et ces moments où « on est devant rien », où on choisit d’en rire car « on connaît l’absence comme d’autres leur poche ». Une centaine de pages pour faire dire à des personnages attachants haut en couleurs l’essence de la vie. Ce bref récit a l’évidence d’une fable loin du décalque immédiat de la réalité ; il est néanmoins exigeant car la romancière invente une langue, ni anglois, ni sirois, ni pitois, ni rusdil, qui se dérobe si on l’aborde en linguiste, qui s’apprivoise en revanche assez vite si on ose entrer à voix haute dans le texte comme qui lirait une partition inconnue. Alors l’émotion l’emporte, le sens apparaît et la poésie s’impose. Encore faut-il pouvoir lâcher prise pour entrer dans ce roman déroutant. La préface d’Anne Serre nous y incite. (C.B et F.E.)
Grande tiqueté
SERRE Anne