Un oiseau, des arbres, une terre rouge… une famille passe, femme en tête, suivie d’un enfant qui porte des morceaux de bois et, fermant la marche, le père, qui porte le petit dernier sur ses épaules. Un peu plus tard, la femme embroche des poissons, le père prépare le feu à l’intérieur de la grotte. Après le repas, les petits endormis, la femme voit sur les parois de la grotte se projeter l’ombre du visage de son mari. Avec un tison, elle en dessine les contours. La nuit tombe. Quand le jour se lève, c’est le départ pour la chasse ; l’homme prépare son arc. L’heure de tous les dangers.
Une évocation de la préhistoire pas comme les autres dans un album sans texte qui puise sa force dans le pouvoir des images. Les hommes sont poilus ou pas, en simple pagne, les femmes aux chignons immenses portent des robes rouges taillées de manière sommaire. L’originalité est d’introduire des sentiments humains universels. Ce qui frappe aussi c’est le partage des tâches, des femmes partent à la chasse, des hommes portent les enfants. Dans un contexte incertain et dangereux, la peur peut submerger. Dessiner sur les parois de la grotte a le pouvoir d’immortaliser les vivants et de conjurer la violence des bêtes sauvages. L’illustratrice dit s’être inspirée pour cet album du mythe de Dibutade et des peintures rupestres de la grotte Chauvet. (A.-M. R.)