Et si l’Europe était en guerre et les pays arabes en paix ?
La France, soumise à un régime dictatorial qui veut imposer sa suprématie culturelle, est attaquée depuis deux ans par les Anglais et les Scandinaves. Bombardements, manque d’eau, de nourriture, de soins et surtout, peur au quotidien : un adolescent et sa famille organisent leur départ. Ils émigrent en Égypte, tandis que le plus jeune fils s’engage dans la milice.
Cette fiction d’un monde à l’envers est un texte court qui adopte judicieusement la forme d’un passeport. L’objectif est revendiqué comme pédagogique par l’auteure (qui a travaillé aux Nations Unies et à l’Union européenne sur les conflits internationaux) : faire vivre de l’intérieur les problèmes rencontrés par les émigrés politiques – camps de réfugiés, attente de permis de séjour, apprentissage d’une langue étrangère, différence de culture et intégration, mixité dans les couples, difficulté de retour au pays. Les illustrations épurées, proches parfois des tags de Jean-François Martin (Bologna Ragazzi Award pour ses Fables d’Ésope, Milan 2010), ont fonction de symbole, un peu trop évocatrice de la dernière guerre mondiale pour un conflit imaginaire mais réussies pour le pays d’accueil. Léger malaise, pointe d’angoisse peuvent être ressentis à la lecture de cet ouvrage, face à la brièveté d’ un propos qui vise à éveiller les consciences et qui trouvera toute sa portée dans un débat avec des adultes médiateurs.