Hannah Arendt et Martin Heidegger se sont rencontrĂ©s en 1924. Ils ont Ă©tĂ© amants pendant trois ans et ont Ă©tabli une relation profonde et contradictoire le restant de leur existence, aprĂšs avoir vĂ©cu dans des camps opposĂ©s lâune des plus grandes fractures de lâhistoire intellectuelle occidentale : lâĂ©chec violent et meurtrier de la symbiose judĂ©o-allemande. Dans les annĂ©es vingt, Heidegger reprĂ©sente les aspirations dâune gĂ©nĂ©ration de jeunes intellectuels, parmi lesquels Arendt son Ă©lĂšve, mais aussi Marcuse, Aron, Levinas… Dans les annĂ©es trente, il a la tentation de lâaction. Pour lui, la pensĂ©e est en crise et la RĂ©publique de Weimar le symbole de cette faiblesse. Il aurait pu devenir communiste. Au lieu de quoi, son hĂ©ritage catholique et son attachement Ă lâAllemagne lui font croire â briĂšvement â au National-socialisme. Sans cesser de lui Ă©crire, Arendt passe sa thĂšse avec Jaspers. En 1933, sa carriĂšre dĂ©truite, elle fuit Ă Paris, puis New York, engageant sa rĂ©flexion sur lâeffondrement des traditions morales et politiques, la possibilitĂ© de juger du mal â et surtout sa possible banalisation. AprĂšs 1945, Heidegger dĂ©chu et Arendt correspondent et se revoient, approfondissant dans une confiance retrouvĂ©e une relation personnelle unique dans lâhistoire de la pensĂ©e.
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Dans cette remarquable somme, plutÎt pour spécialistes, la densité des pistes de réflexion incitent fortement le profane à persévérer.