Le narrateur, en état d’ivresse, rencontre en 1994, dans un commissariat parisien, Guy Debord, censé s’être suicidé la veille… Antiquaire de livres, lettres autographes et documents, il se met à la recherche de tout ce qui concerne le philosophe en le consignant dans un cahier, rencontre sa veuve, revend à des clients la manne récoltée, ceci entre ses séjours en maison de santé. Il s’identifie progressivement à l’auteur de La société du spectacle, jusqu’à épouser certains de ses traits – pas les plus brillants ! – et à s’installer dans une maison proche de celle qu’a habitée son modèle. Un court roman dense où s’enchevêtrent fiction, éléments biographiques (de Debord) et autobiographiques (de l’auteur-narrateur). Par flashes, Jean-Yves Lacroix esquisse, sans jamais l’approfondir, la personnalité étrange du fondateur de l’Internationale Situationniste, un groupuscule révolutionnaire qui inspira les acteurs de mai 68 par son rejet de toute autorité et son exaltation de la liberté totale. Le style ne manque pas de force, fait usage de mots savants et sait être caustique. Malgré des saynètes bien campées, une impression brouillonne se dégage du livre comme les vapeurs éthyliques chères aux deux héros.
Haute époque
LACROIX Jean-Yves