Du “Secret de Polichinelle” à “Sortie de route”, les chapitres s’enchaînent, se rompent soudain, fil cassé. Où est le roman annoncé ? Il s’agit de cinq romans commencés par Jack-Alain Léger dans l’euphorie, avortés lorsque les eaux mortifères de sa dépression affluent. À Venise, Casablanca ou Paris, dans la peau de Mantovan, écrivain, ou d’Alice la lectrice, infatigable lanceur de flèches, l’auteur s’insurge contre la société actuelle, dit tout de ses douleurs et rancoeurs, de ses désillusions sur le monde littéraire, mesquin, destructeur. Il revient sur la cabale montée contre lui lorsqu’il avait choisi d’écrire autrement, sous le nom de Paul Smaïl. En ajout, sont réunis des textes sur Wagner, Richard Strauss, Vélasquez, Cervantès, commandés puis refusés par l’Opéra de Paris.
Jack-Alain Léger a l’érudition légère, le désespoir drôle. Bondissant, tonitruant, il règle ses comptes une fois de plus (On en est là, NB avril 2003), tout en jouant brillamment avec les mots, les langues, les citations. Lui qui a pris cinq pseudonymes pour écrire trente-cinq romans dit mettre ainsi un point final à son aventure littéraire. Un baroud d’honneur réussi.