La vie d’Henri IV tient de la légende et occupe une des premières places dans le roman national. Son destin exceptionnel, hors de toute prévision logique, est-il dû à la chance – la Providence, comme on a pu le croire en cette époque de religiosité profonde – ou à ses qualités personnelles ? Des études récentes rebattent en grande partie les cartes et rendent infiniment plus complexes tant la personne que les circonstances qu’il a dû affronter dans ses relations avec ses contemporains.
Entre vulgarisation pour « public averti » et ouvrage savant, l’auteure (Le roman d’Ulysse, Les Notes octobre 2017) forge une troisième voie historiographique aussi personnelle que remarquable : elle raconte. Sans rien retirer de leur complexité ni de leur authenticité aux faits, elle développe l’art unique et subtil d’animer avec une vivante rigueur de nouvelles sources, tel ou tel faisceau d’hypothèses ou encore une polémique. Elle restitue ainsi une réalité passionnante qui démonte les idées reçues et renouvelle progressivement la vision du monde agité que traversa Henri de Navarre, ce personnage hors pair, et au fond mal connu. Mieux encore, elle en offre une lecture qui invite à élargir les débats sur l’histoire des religions et des mentalités. (A.Lec. et L.D.)