V. est né de parents vietnamiens dans une petite ville des bords du lac Léman. Plongé dans la culture helvète, il fait une thèse sur Kafka. Ses parents, réfugiés de la première heure, ont quitté le Viêtnam bien avant la chute de Saigon. Mais, comme tous, ils sont nostalgiques du temps disparu. Un jour, V. découvre dans la vitrine d’une galerie la photo d’une très célèbre chanteuse vietnamienne. Il contacte la photographe, s’ensuit une correspondance régulière avec l’artiste. Linda Lê (Roman, NB mars 2016) reprend un thème qui lui est cher, celui de la nostalgie d’une diaspora qui pleure, en les embellissant, les beaux jours et l’atmosphère merveilleuse du Vietnam d’avant l’arrivée des communistes. À travers trois portraits de femmes, elle décrit les sociétés qui se sont reconstituées aux Etats-Unis, au Canada ou à Paris avec leurs caractéristiques et leurs obsessions. Particulièrement emblématique est la Chanteuse qui, malgré un passé sulfureux, fait pleurer les coeurs par ses chansons d’amour. La Maquisarde, elle, est symbolique d’un esprit de résistance. Reste la demi-soeur de la Chanteuse, personnage mystérieux et angélique… Malheureusement ce « rêve éveillé » s’étire en longueur, sans rebondissements, dans une intrigue romanesque creuse. (A.M. et B.D.)
Héroïnes. Un rêve éveillé
LÊ Linda