Héros secondaires

BROWNE S. G.

Depuis cinq ans, Lloyd est cobaye pour les laboratoires pharmaceutiques. Il alterne ce job, plutôt bien rémunéré, avec la mendicité.  Un jour, il découvre qu’il peut endormir les gens en baillant. Dans son groupe de copains cobayes, chacun développe un effet secondaire contagieux : ils peuvent provoquer des éruptions cutanées, des vomissements, des convulsions… Dans un premier temps, ils s’amusent à « punir » les malpolis du quartier ; mais bientôt, Lloyd se rêve utile et le groupe s’attaque aux agresseurs de sans-logis et aux violeurs. Parallèlement sévit un voleur de souvenirs, tandis que certains sont victimes d’hallucinations . Le roman trace un portrait attachant, doux-amer de cette bande d’anti-héros sans ambition qui tentent de retrouver une estime de soi et un but grâce à leurs pouvoirs, aussi peu affriolants soient-ils.  Les critiques tant de la société que d’une industrie pharmaceutique toute puissante sont réussies ; les super-pouvoirs correspondent aux effets secondaires les plus courants des médicaments. Si l’aventure super-héroïque donne quelques scènes hilarantes, le récit s’étire en longueur, englué dans la culpabilisation récurrente du narrateur. Les notions de destinée, chère à l’auteur, et de sacrifice prennent le pas, la verve de la satire est oubliée pour une fin en demi teinte. (M.D. et MC.D.)