Qu’on se le dise : le roi Grobull, « taureau-tyran des pâturages », marie aujourd’hui son fils adoré, le prince Jean-Georges. Dans sa princière magnanimité, il le laisse choisir l’élue. Charolaise, aquitaine, béarnaise, aucune ne séduit le jeune homme. Prêt à tous les renoncements pour le bonheur de son exigeant rejeton, le père convoque une théorie de jeunes truies. Peine perdue. Des juments, des brebis, des chèvres même. En vain. Le coeur de Jean-Georges serait-il déjà pris ?
Pour créer un tel bestiaire, Christian Voltz a sélectionné … le cuir, le poil, le brin de laine, le fil de fer, dans le bric-à-brac d’où naissent ses collages. L’humour est au rendez-vous de ce défilé agricole commenté par un texte à plusieurs voix : sur le mode majeur, le discours tonitruant du maître de cérémonie, en mineur, le refus déconfit, mais ferme, du fils indigne soutenu par sa confidente Ginette la poulette, dans un choix amoureux très peu conventionnel, on s’en doute… Car ce remake de conte plaide joyeusement pour la liberté d’aimer. Et le gagnant est : Hubert le bélier ! (C.B.)