Heureux parmi les morts

BARILLÉ Élisabeth

Elisabeth Barillé évoque les destins croisés de personnages qui sont tous, de près ou de loin, concernés par la mort. Basile, créateur de mode connu, adulé par la presse et détesté par ses proches, est le personnage central de ce roman. Exaspérant de vanité et d’agitation, il attise la haine d’Etzo, son trop lisse second, tapi dans l’ombre d’une jalousie destructrice. Luc, hémiplégique, écoule médiocrement sa vie dans le souvenir de sa fiancée disparue, qui n’est autre que la soeur de Basile, jusqu’à sa rencontre avec une jeune cancéreuse. Heureuse entre tous, Domi, l’embaumeuse, n’a pas peur de la mort, cet oasis de douceur et dignité. Son histoire parallèle, dans l’ombre et le silence, loin des projecteurs de la célébrité, revient d’un chapitre à l’autre, comme pour mettre en exergue la vacuité de la vie.

 

L’auteure distille une réflexion sur les blessures de la vie, son insignifiance, son issue fatale. Comme dans tous ses romans (Singes, NB mai 2004), Elisabeth Barillé creuse les thèmes de l’abandon, du départ, de la perte de soi, où l’on sent l’influence de Nietzsche, un de ses maîtres spirituels. Le point fort du roman est sans conteste la description jubilatoire et cruelle du monde de la mode, que l’auteur connaît bien.