Histoire argentine est un livre mutant, corrigé et amplifié par son auteur qui y ajoute des « versions alternatives » depuis sa parution en 1991. Dix-sept nouvelles où la tragédie côtoie l’absurde plongent dans les eaux troubles du passé. Chaque texte contient sa clé et requiert l’attention du lecteur quand, au détour d’une phrase anodine, surgit l’Histoire. Chaque chute, minimaliste, est un étonnement. Les chapitres s’emboîtent, proposent une autre direction, reviennent à la première : fausseté du récit, variations sur les textes sont des thèmes chers à l’auteur (Les jardins de Kensington, NB novembre 2004). Au service de ces personnages décalés et comme étrangers à leur propre histoire, le style est élégant et l’auteur déploie le vaste champ de son imaginaire. Mais qu’il parle de foot ou de vocation littéraire, qu’il s’immisce dans ses textes pour les commenter, Rodrigo Fresán offre une vision du chaos individuel confronté à l’ordre universel dont le maître-mot est le mensonge. Un livre piquant qui charrie sa part d’interrogations.
Histoire argentine
FRESÁN Rodrigo