En 1918, « l’Autriche » était le centre d’un empire multinational, défini par son appartenance à la monarchie des Habsbourg, dont l’effondrement provoqua l’annexion par l’Allemagne. Après 1945, le pays ressuscita comme république neutre et prospère, mais hantée par le souvenir des nazis. Aujourd’hui elle peine à affirmer une identité nationale forte et préfère se rattacher à son glorieux passé. Depuis le Xe siècle, après des conflits locaux, cette « terre orientale » de la Bavière, devenue Österreich, puis Austria, fut gouvernée par les Babenberg, puis par les Habsbourg à partir de 1278, dans une épopée millénaire avant de devenir une province allemande, puis une nation indépendante et d’entrer dans l’Union Européenne.
L’auteur, historien anglais, s’est spécialisé dans l’Histoire autrichienne, et notamment dans l’évolution de l’antisémitisme dans un pays où, selon les époques, les Juifs furent davantage persécutés et parfois spoliés que protégés. Très documenté, l’ouvrage est dense et austère, mais d’une lecture aisée grâce à son style et à ses synthèses, heureusement étayés par des cartes, complément indispensable à la description minutieuse de complots, conquêtes et luttes religieuses. Il n’était pas facile de décrire cette nation constituée de multiples héritages, Steven Beller y est brillamment parvenu.