« Il était une fois un homme brave, audacieux, qui ne voulait pas mourir ». La narratrice qui introduit ainsi son voisin de palier ne sait rien de lui sinon qu’il est hongrois, homme d’affaires, s’appelle Sandor et vit seul. Un lien se tisse entre eux, un lien de proximité qui s’intensifie quand une pandémie vient réduire le territoire de chacun et que Sandor apprend qu’il est atteint d’un cancer.
Ce roman est le récit en courts chapitres d’une relation amicale hors du commun entre deux individus qui n’ont a priori rien en commun. On ne saura rien de la narratrice ; par contre, progressivement, de conversation en conversation, Sandor émerge de sa définition première : celui « qui ne voulait pas mourir ». Une posture assumée avec élégance dans un jeu existentiel auquel ses rares proches se plient car « il revient à chacun de nous de décider ce que l’on veut savoir et ce que l’on tient à laisser de côté ». La phrase est très belle ! Élégance, délicatesse, retenue et attention aux autres : l’émotion qui gagne le lecteur est à la hauteur de l’admiration qu’inspirent les personnages. L’arrière-plan de la pandémie permet à la romancière de déployer un autre talent en posant sur l’événement un regard plus ironique, voire caustique. Un roman brillant. (C.B et J.G)