Le pied, symbole de libertĂ©, de lĂ©gĂšretĂ©, serait-il aussi le rĂ©ceptacle de nos Ă©motions dont il garde la mĂ©moire ? Ainsi, Ujine puise-t-elle en lui une force qui la conduit Ă rĂ©sister Ă un amant lĂąche. Le ton est donnĂ© et les neuf autres nouvelles illustrent le caractĂšre de femmes, souvent africaines, qui se rebellent et prennent leur vie en pleine responsabilitĂ© ; lâune rejoint un amoureux Ă©garĂ©, lâautre sauve sa petite fille et lui transmet son hĂ©roĂŻsme. Sont aussi Ă©voquĂ©s les grands problĂšmes de notre temps : Ă©migration, conflits ethniques, solitude et enfermement, recherche personnelle du bonheur.
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Le ClĂ©zio proclame son admiration et sa tendresse pour les femmes, se fait complice de leur compassion. Dans ces textes embellis de contes et lĂ©gendes, oĂč la musique et le chant ennoblissent encore la qualitĂ© et lâimportance des silences, on retrouve lâexigence et la pudeur dâun Ă©crivain rare (Ritournelle de la faim, NB novembre 2008). LâĂ©criture aĂ©rienne et grave, la phrase limpide oĂč chaque mot est Ă sa juste place, a sa juste signification, oĂč la parole est retenue, exalte lâidĂ©e de sauver lâhumanitĂ© par lâespĂ©rance.