Un chien parle de « l’odeur acide de la peur », il la connaît ! Il est le pisteur d’une troupe de chasseurs qui poursuivent un Indien blessé. Le chien flaire sa trace mais reconnaît l’odeur d’Aukamãn, son frère-homme. Alors il n’a qu’une idée, les détourner de la piste pour sauver celui avec qui il a passé son enfance. Au fur et à mesure de cette chasse, le chien se souvient de sa vie passée et comprend pourquoi il se sent si mal là où il est. Ce conte parle du peuple mapuche dont Luis Sepúlveda est originaire. Ils aiment la terre, la fidélité, la loyauté. La forme adoptée par l’écrivain engage dès les premières lignes un suspense. Qui est ce chien, d’où vient-il ? Qu’a-t-il vécu ? À travers les odeurs, il remonte dans sa mémoire et redécouvre tout ce qu’il a perdu. L’écriture est magnifique, émaillée de mots mapuches répertoriés dans un glossaire. Les illustrations de Joëlle Jolivet renforcent l’émotion qui sourd du récit. Son trait au fusain brut stigmatise la sauvagerie et la cruauté des hommes, le chien esclave, célèbre la joie, l’harmonie des retrouvailles et le sacrifice. (A.D. et M.D.)
Histoire d’un chien mapuche
SEPÚLVEDA Luis, JOLIVET Joëlle