Deux hommes, l’un chanceux, l’autre malchanceux, se sentent liés, comme s’ils étaient les deux faces d’une même médaille. Une femme ne s’exprime que lorsqu’elle l’estime vraiment nécessaire, soit environ tous les dix ans. Un voyou passe de la méchanceté à la gentillesse grâce à un enfant, qui illumine également la vie d’une bossue. Un homme décédé répète le nom de sa femme, qui l’avait quitté quelques années auparavant. Une ânesse née dans une ferme traverse des épreuves initiatiques. Ces contes, pétris de bons sentiments, sont habités par une foi religieuse parfois encombrante – ainsi surgissent une apologie de la prière, des citations bibliques, des discours sur l’âme. Ils célèbrent l’ouverture du coeur, la bienveillance et la beauté de la vie avec un tel manichéisme, une telle naïveté que cela tient quelquefois davantage du prêche que de la fiction. On sent la sincérité et le plaisir à écrire de l’auteur, dont c’est le premier livre, dans son style d’inspiration classique, dense et soutenu, parfois quasi lyrique, qui peut s’égarer dans des longueurs. « Réjouissez-vous ! Aimez-vous les uns les autres ! » clame Selma en substance : un beau programme…
Histoire d’une ânesse engagée
SELMA