Christine, artiste parisienne, vit depuis des années dans le hameau perdu des « Trois filles seules » dans la France profonde. Elle considère comme un fils son voisin, Patrice Bergogne, un paysan au cœur tendre marié à une piquante et mystérieuse Marion. On s’entraide, mais voici que trois inconnus s’invitent à la fête organisée pour les quarante ans de la jolie voisine.
Laurent Mauvignier (Continuer, Les Notes novembre 2016) immerge le lecteur dans un huis clos rural dont il excelle à décrire le quotidien et les souffrances, comparés à la violence et à la délinquance urbaine. L’intrigue s’inscrit peu à peu dans l’unité de temps, de lieu et d’action d’une tragédie classique. L’intensité dramatique, vite insoutenable, monte inéluctablement. L’auteur tient le lecteur en haleine, en maniant l’art du suspense. Par un tour de force littéraire remarquable, il donne à entendre dans de longues phrases, au rythme parfois échevelé, les voix intérieures des personnages par lesquelles tout est narré. La belle combativité des femmes est exaltée quand elles luttent pour leur liberté et la vie des leurs. Un roman noir haletant malgré sa longueur, qui plonge dans la nuit des âmes. (A.K. et A.Le.)