Dans sa chambre dont la moquette pousse, que de monde ! Des gens dans les ampoules, des moutons gris sous le lit, un gentil monstre dans le radiateur et, bien sûr, un loup triste à consoler. Les histoires y changent de livre, les crayons écrivent tout seuls, sa chemise est amoureuse de lui et, au bout du monde, il sait qu’une poule a froid, dépouillée des plumes dont est gonflé son oreiller.
Une vingtaine de très courtes nouvelles décrivent ainsi l’univers du narrateur, un Pierrot lunaire dont l’imagination investit le quotidien. Dans la moiteur des cauchemars, au fil des peurs apprivoisées ou tout simplement dans l’espace qu’ouvre la folie douce du rêve, s’opèrent des métamorphoses. Hervé Walbecq, attentif aux émotions de l’enfance, les raconte en des histoires décalées, absurdes et drôles, parfois inquiétantes. La langue, limpide, restitue l’évidence de ce glissement qui dissout et apprivoise le réel. Les dessins accompagnent le texte d’une ligne claire, épurée, sans saturer l’espace, comme une autorisation à poursuivre l’évasion poétique. Une pause pour ceux qui lisent surtout des « vrais » romans avec personnages, intrigues et péripéties.