Elles s’appellent Kunzang, Wangmo ou Tashi Zangmo. Elles vivent dans la montagne entre Inde et Tibet chinois. Le Bouthan, pays du BNB (bonheur national brut), petit royaume à l’est de l’Himalaya, perché, fermé jusqu’en 1974, est leur pays. Paysannes, seules ou mariées, vêtues de leur kira traditionnelle, elles cultivent la terre, nourrissent la famille, élèvent les enfants et observent les rites ancestraux. Fascinées par l’instruction dont elles devinent le pouvoir, séduites par la modernité, elles veulent connaître la ville. Plus qu’un recueil de nouvelles, c’est une galerie de portraits que propose Kunzang Choden (Le cercle du karma, NB mars 2007) dans ces treize courtes histoires en couleurs. Il y a de la fraîcheur, de la tendresse et une sorte de subtilité sereine dans ces esquisses précises. Une mise en situation, pittoresque, inattendue, toujours dépaysante, qu’il y soit question de souris ou de nombril, d’ébriété ou de chapardage, de mort ou d’accouchement, les fait vivantes, incroyablement présentes. Si bien que l’on ne peut que s’attacher à ces figures fortes et fragiles et à leur patrie qui veut parier sur un difficile équilibre entre sauvegarde de la tradition et promotion du développement.
Histoires en couleurs
CHODEN Kunzang