Homer, aveugle et pianiste, est très intuitif ; son frère aîné, Langley, revenu gazé de la première guerre mondiale, est complètement extravagant. Après la disparition de leurs riches parents et le départ de leurs domestiques, les deux frères vivent en reclus dans une grande résidence de la Cinquième Avenue à New York. Ils s’enterrent peu à peu sous les journaux et tout un bric-à-brac inouï accumulés pendant des décennies par Langley. Après avoir partagé fêtes et lits, ils finissent tristement, barricadés dans leur maison, sans eau ni électricité. E.L. Doctorow, abandonnant la science-fiction et l’Histoire (La marche, NB décembre 2007), s’inspire d’un fait divers qu’il développe. Il approfondit avec subtilité la psychologie complexe des deux personnages principaux, l’artiste handicapé, quelque peu candide, et le collectionneur compulsif dont la folie va crescendo. Il décrit le lent et terrible envahissement de leur tanière tandis que la solitude nourrit leur délire. Au-delà de l’enfermement, l’auteur réussit habilement à dérouler quelques bribes de l’histoire de l’Amérique du XXe siècle et à préserver le mystère sur l’issue de ce récit. Un roman attachant, servi par une écriture fluide et riche, et un humour plein de sollicitude.
Homer & Langley
DOCTOROW E.L.