Fuyant la débâcle de la seconde guerre mondiale, le solitaire Jérôme Bourdaine se réfugie dans un hôtel à la Turbie, ancien établissement luxueux tombé en décrépitude. S’y installe, peu après, un couple mystérieux : lui est absent toute la journée, elle regarde le temps passer et s’ennuie. L’idylle, prévisible, est immédiate mais ne peut déboucher sur aucun avenir. Dans une ambiance feutrée où souvenirs, onirisme, cruelle réalité s’enchevêtrent, les élans sont contraints de s’éteindre et chacun retrouve sa solitude. Cette réédition d’un ouvrage écrit en 1942 et publié en 1944 est composée par un écrivain passionné de poésie, oublié aujourd’hui et admiré en son temps (cf. Les chasses de Novembre, prix Interallié en 1936), mort accidentellement à cinquante ans. Son rôle de résistant, ses amitiés littéraires en ont fait un personnage dont les qualités d’écriture s’épanouissent magnifiquement dans ce court récit. Esprit d’observation, imagination, touches d’humour, style précis et ingénieux, tout concourt à faire de cette analyse sociale et sentimentale une tranche de vie dont la brièveté n’exclut ni la profondeur ni la justesse.
Hôtel de la solitude
LAPORTE René