En pensant à l’Ophélie des poètes, Émilie se dirige vers sa baignoire pour s’y noyer. Pourtant, si son corps est emporté par les policiers, son fantôme continue à parcourir l’immeuble, habité par des personnages pittoresques. Un homme est lâché par sa compagne qui emporte les meubles, sauf l’armoire et son miroir magique. Un autre prend des photos des ébats extraconjugaux de son épouse. Un troisième sait matérialiser les scènes érotiques de ses romans favoris. Par un étrange sortilège, la jeune Mathilde se trouve enfermée dans une pièce sombre et triste. Une vieille femme est dévorée par les chats, dont l’un parle à l’esprit d’Émilie qui va être touché par l’homme au miroir secrètement amoureux d’elle.
Un magnifique lavis sepia, précis et émouvant, anime d’une vie étrange ce récit familièrement désespéré. Les frontières entre le rêve et la réalité se dissolvent dans des scènes intimistes, souvent explicites, jamais déplacées. Errant dans leurs chagrins et phantasmes, sombres ou truculents, attachants ou repoussants, les personnages finement dépeints ne dévoilent qu’une partie de leurs mystères. Omniprésent, le chat un peu philosophe provoque les événements et fait le lien entre les épisodes, riches en références littéraires, de cette étrange tragédie de moeurs.