Jean vient de mourir et laisse une lettre où il demande à sa fille Jeanne de disperser ses cendres dans la baie d’Alger. Jeune sergent pendant la guerre d’Algérie, il passa trois ans à construire des cercueils pour les soldats morts au combat. Pour cet ébéniste de talent, la tâche se révéla vite insupportable et il ne se remit jamais de cette promiscuité avec les morts. Mais, l’Algérie qu’il aimait, lui offrit aussi des moments de grand bonheur. Jeanne retrouve ses anciens amis et redessine un père qui se confiait si peu.
Rachid Boudjedra (Les figuiers de Barbarie, NB mai 2010) a lutté avec le FLN contre la présence française en Algérie et, dans ce roman engagé, il se montre extrêmement critique envers la politique menée par la France. À travers Jean, tourmenté par ses doutes, il souhaite honorer ces Français d’Algérie qui ont combattu l’attitude de leur propre gouvernement. Plusieurs personnages prennent alternativement la parole, mais il est difficile, à partir de leurs informations éparses, d’établir le lien qui les unit et de comprendre la relation qu’ils entretenaient avec Jean. Un roman inabouti qui laisse en suspens beaucoup d’interrogations.