Hugo Pratt : la traversée du labyrinthe.

GUILBERT Jean-Claude

Un homme qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. C’est ce qu’on éprouve à la lecture de cette monumentale biographie retraçant la vie et l’oeuvre d’Hugo Pratt (1927-1995), créateur non moins monumental de bandes dessinées. L’imaginaire de Pratt s’est nourri des lectures innombrables qu’il fit au temps de son enfance et qui l’amenèrent, adulte, à disposer d’une colossale bibliothèque. Amateur d’aventure, de poésie, d’ésotérisme, sa culture était impressionnante et internationale : Shakespeare, Monfreid, Stevenson, London, Kipling, Haggard, et aussi Rimbaud, Yeats et Coleridge, et enfin Borges. Toutes les lectures lui étaient bonnes pourvu qu’elles conduisent à l’Aventure, dont Corto Maltese était son héros emblématique.

 

Reliant sans cesse l’homme à son oeuvre, Jean-Claude Guilbert, ex-rédacteur en chef de la revue Planète, du Magazine de l’Aventure sur TF1, dresse dans une belle écriture un mémorial riche d’érudition, d’intelligence et d’admiration envers son ami. La progression n’est pas chronologique, se voulant un voyage initiatique en cinq parcours thématiques. Beaucoup de propos supposent une bonne connaissance de l’oeuvre de Pratt. Ultime hommage : le livre, avec son papier ivoire, son iconographie de qualité, est  très beau.