Hyperrêve

CIXOUS Hélène

Ce livre d’Hélène Cixous est une longue ode à sa mère, atteinte d’une maladie de peau. Elle oint son corps décharné et dialogue avec elle, s’imaginant elle-même plus tard dans cette peau vieillie. Elle préserve la présence maternelle et en goûte chaque instant. « C’était avant la fin, tu es le temps… le temps d’avant la fin. » Le temps, la mort sont des thèmes qui reviennent comme une obsession. « Il y a le temps d’avant l’interruption de ma mère. Il y a le temps d’après l’interruption de mon ami. » Son ami, le philosophe Jacques Derrida, dont elle pleure le silence, la disparition. Elle évoque l’intensité de leurs relations, évocation si forte que tout instant reprend vie. Hélène Cixous invente les mots, cisèle, façonne ses phrases au gré des clairs-obscurs de sa pensée. C’est par cette écriture syncopée, déstructurée, sans ponctuation, parfois difficile à appréhender, qu’elle explore encore et toujours sa vie familiale, ses rencontres. Un plaisir de lecture très cérébral réservé à ceux qui, comme elle, sont fascinés par la magie du verbe.